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Huguenin

 

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Jean-Pascal Huguenin 1741-1820

Introduction

Comme Manoury, Huguenin aura été connu sous son seul patronyme durant plus de deux siècles, mais à présent son identité et sa biographie sont connues.

Cette figure tutélaire de notre jeu a intrigué. Poirson-Prugneaux écrit en 1855  dans son «  Encyclopédie du Jeu de dames  », p. 99  :

«  Les recherches les plus constantes et les plus multipliées à Metz, ont été stériles : je n'ai pu réussir à savoir comment ce personnage y a passé sa vie, quelles y étaient ses occupations, et l'époque de son décès. Seulement un de ses homonymes, frère d'un professeur du même nom, m'a écrit que l'amateur du Jeu de Dames n'était pas de sa famille, et qu'il avait eu des fils qui s'étaient distingués dans la carrière militaire. Son genre de talent, la calligraphie, l'aura maintenu dans quelque emploi de bureau modeste et subalterne.

Mais je puis établir authentiquement les titres d'HUGUENIN à l'estime des partisans du Jeu de Dames, en leur donnant connaissance de ses travaux. Il en a laissé de précieux témoignages en quatre manuscrits qui sont entre mes mains [...] j'en ai été gratifié par les héritiers de défunt le recteur BADELLE, qui les tenait de l'amitié d'HUGUENIN.  »

Ces précieux témoignages et la généalogie de ces deux familles permettent d’affirmer que le damiste est Jean Pascal Huguenin. Et non «  Pierre François Huguenin  » comme indiqué parfois, qui se trouve être le père du professeur. Ces deux-là sont en effet les seuls à avoir pu collaborer vers 1800 au «  Livre de Metz  ».

Les deux fils de Jean Pascal ont bien été militaires  : Michel en 1802, Chevalier de la Légion d’honneur dès 1814, a quitté le service des armées en 1837 et Joseph de 1807 à 1814 avant de devenir chapelier.

Alors qu’un seul des cinq fils de Pierre François Huguenin a été militaire  : Nicolas Firmin, vétérinaire et Chevalier de la Légion d’honneur. Deux autres ont été confiseurs à Luxembourg et les deux autres Professeurs d’Histoire à Metz. Le contact de Poirson-Prugneaux étant probablement Alexandre.

Comme imaginé par Poirson-Prugneaux, Jean Pascal Huguenin a effectivement été employé de bureau.

Qu’en est-il de son «talent, la calligraphie» ? Certains «tableaux nominatifs de population de la 5e section de Metz de 1793» sont de la main d’Huguenin : Cote : 1F/a14 Vues 6 à 15 sur archives.metz.fr Il possède en effet une très belle écriture, la même que celle des manuscripts.

Biographie

« Jean Paschal» naît le 9 septembre 1741 à Sarrelouis, ville aujourd’hui allemande. Son père est « bourgeois » c’est-à-dire propriétaire et son grand-père est un ancien maire.

À 25 ans, il connaît déjà le jeu de dames et compile une quarantaine de compositions personnelles qu’il annote «fait à plaisir, en 1766» et qu’il accompagne de celles de Manoury (1770) dans son premier manuscrit.

Il s’installe à Metz peu de temps avant de s’y marier en 1778. Il est alors «cy devant intéressé par les affaires du Roy», c’est-à-dire dans l’administration financière royale. Il devient alors père de quatre enfants, deux filles (1781, 1783) et deux fils (1785, 1788).

Son père Georges désormais «  écuyer lieutenant de la Connétablie, inspecteur des poudres et salpêtres des trois évêchés  » (Metz, Verdun et Toul) est lui aussi établi à Metz. Veuf, il s’y remarie en 1780.

Jean Pascal Huguenin devient propriétaire de la maison située au n°10 de la rue Vigne Saint Avold, encore visible aujourd’hui.

Maison d'Huguenin

 

 

Il est «Secrétaire de M. Leclerc, Directeur de la Monnoye» de Metz en 1788,  puis, «Commis à la Commune» En 1793, il établit de sa belle écriture calligraphiée le recensement de la population de son quartier.

Le jeu de dames l’occupe plusieurs décennies comme en témoignent ses quatre manuscrits. L’ensemble de ces recueils contient 757 coups différents et originaux.

Vers 1800, âgé bientôt de 60 ans, il côtoie Jean-Georges Lallement, 46 ans, lui aussi secrétaire dans l’administration, Jean-Claude Badelle, 23 ans, canonnier de l'École d'artillerie et futur professeur de mathématiques ainsi qu’Isaïe Louis Morhange, 32 ans, «journalier», «professeur de dames à la polonaise», réputé être le plus fort joueur de Metz (cf. Livre de Metz, vol. 1, p. 255).

Leur collaboration culmine avec la publication en 1802 de l’ouvrage de Lallement «Les Quatre Jeux de Dames, Polonais, Égyptien, Échecs et à trois personnes» appelé souvent le «Livre de Metz». Huguenin fournit les 407 coups du dernier volume (cf. p. 22 de la Bibliographie d’Alliey) dont plus de 250 de sa composition (cf. Poirson, p. 103).

n°383 du second vol Trois dames contre une B+

Livre de Metz

Lallement décède l’année suivante dans l’incendie de son logement, situé dans l’Hôtel de l’Intendance, actuelle Préfecture de la Moselle.

Huguenin confie ses manuscrits à Badelle, plus jeune de 36 ans, avant que ce dernier ne parte enseigner à Besançon en 1818.

Ses fils, revenus des campagnes napoléoniennes, se marient un même jour d’avril 1816, et lui donnent des petits-enfants avant qu’il ne s’éteigne à l’âge de 78 ans, le 15 avril 1820.

Un de ses petit-fils, né chez lui et prénommé en son honneur «Jean Pascal Marie» s’installera à Lyon et aura au moins sept enfants.

Quant à la postérité de ses manuscrits, ils seront confiés après le décès de Badelle (1848) à Q. Poirson-Prugneaux qui les décrit et en publie le contenu dans son «Encyclopédie du Jeu de dames» de 1855.

Biographie rédigée par les soins de Stéphane Rézel en décembre 2024

 

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Dernière modification : 23/12/2024